Il y a ceux qui deviennent des amis, ceux qui se lancent un « bonjour » poli quand ils se croisent, qui échangent sur le temps qu'il fait ou celui qui passe. D'autres ne se rencontrent jamais dans la cage d'escalier, ou s'évitent soigneusement pour ne pas se disputer. Certains même vivent un enfer, et règlent leurs différends devant des tribunaux. Être voisin, c'est effectivement occuper une position particulière dans la vie de quelqu'un. Contrairement aux amis que l'on choisit, ou à la famille à laquelle on est lié par le sang, les voisins sont imposés par la géographie et le hasard.
Cette situation singulière crée un type de relation unique, où cohabitent proximité physique et distance émotionnelle. Ces personnes partagent une part intime de notre quotidien. Ils vivent à quelques mètres, voire à quelques centimètres les uns des autres. Ils entendent parfois les rires, les disputes, les bruits de vie qui résonnent de l'autre côté des murs. Pourtant, malgré cette proximité physique, il n'y a pas nécessairement de lien affectif ou personnel entre eux. C'est une relation qui repose plus sur la cohabitation que sur le choix, plus sur le respect que sur l'amitié. Le statut de voisin implique également une forme de tolérance mutuelle. La phrase: « On ne choisit pas ses voisins, mais on choisit la manière dont on vit avec eux », pourrait résumer cette situation. Cela signifie accepter certaines différences, fermer les yeux sur de petites nuisances, et comprendre que l'autre a aussi ses besoins et ses contraintes
LES PRINCIPALES SOURCES DE TENSIONS
« Il a frappé sa voisine parce que le son de sa télé était trop fort; il lançait des peaux de bananes ou des filtres remplis de marc de café sur mon balcon ; ma voisine a voulu empoisonner mon chat et construit des pièges avec des barbelés ». Autant d'histoires lues dans les journaux qui prêtent parfois à sourire et pourtant... Ces querelles qui dégénèrent parfois en conflits ouverts empoisonnent la vie des victimes. Dans le top 5 des nuisances, on retrouve le bruit : musique, cris d'enfants, moto, tondeuse, perceuse ou talons qui résonnent sur le parquet... Dans une habitation individuelle, un immeuble collectif ou à proximité d'un établissement qui accueille du monde (restaurant, bar, discothèque), il est souvent à l'origine des tensions. Mais dans quelle mesure peut-on ainsi heurter la quiétude de son voisinage, ou au contraire doit-on prendre sur soi et subir ces troubles?
Trop de gens pensent encore que seul le tapage nocturne est répréhensible par la loi, il n'en est rien. Non, chacun ne peut agir comme il l'entend entre 8h et 22h ! Si le Code pénal punit uniquement ceux qui se rendent coupables de bruits ou tapages nocturnes (amende de 25 à 250 euros), de nombreux règlements communaux interdisent tous les bruits susceptibles de perturber la tranquillité des habitants, sans distinguer s'ils sont produits le jour ou la nuit. Ils instaurent des dispositions spécifiques concernant les nuisances sonores. En cas d'infraction, ils prévoient les mêmes sanctions que le Code pénal. Toutefois, les peines peuvent varier d'une commune à l'autre, il convient de se renseigner auprès de son administration communale.
Mais concrètement, si votre voisin adore écouter du rap sur sa terrasse ou s'il s'est pris de passion pour la batterie, cela constitue-t-il un trouble du voisinage? Tout cela s'apprécie au cas par cas, selon l'intensité, la répétition et les éventuels dommages. Notons que les établissements industriels, commerciaux, artisanaux ou publics sont astreints quant à eux à des obligations spécifiques plus précises. En deuxième position, on retrouve les clôtures et les parties communes, gages de frontières du chacun chez soi. Là encore, il existe des règlements, la loi exige par exemple que les arbres et les branches doivent être entretenus et ne pas atteindre le terrain du voisin. De la même manière, on ne décide pas de construire ce que l'on veut en limite de propriété ! Côté odeurs, on dénonce souvent celles des animaux, du compost, des ordures ou du barbecue.
T'EN VEUX ?!
Certains citoyens sont peut-être confrontés à une nouvelle senteur depuis peu ! En effet, la loi autorise désormais les particuliers à cultiver jusqu'à quatre plants de cannabis et détenir un maximum de trois grammes chez eux. Mais attention, la culture doit s'effectuer à partir de semences étiquetées avec le taux de THC et indiquer la provenance et le contact du producteur. De plus, les plantations ne doivent en aucun cas être visibles depuis l'espace public. Rappelons que le but de cette légalisation vise à mieux encadrer la drogue la plus consommée du pays, selon le gouvernement.
Enfin, dans les «, vous avez peut-être côtoyé un voisin qui pensait que le trottoir lui appartenait, un autre qui passe son temps derrière sa fenêtre à vous espionner, à remplir votre boite aux lettres de mégots de cigarettes, à détruire vos plantes à grand renfort de désherbants, à vous insulter copieusement juste parce qu'il est de mauvaise humeur... la liste est aussi longue qu'hétéroclite. Mais alors, quels recours quand l'entente devient impossible?
GÉRER LES CONFLITS DE VOISINAGE
La prévention est la clé pour éviter que les tensions ne se transforment en conflits ouverts. La communication proactive est essentielle. Apprendre à connaître ses voisins, prendre le temps d'échanger et de saluer sont des gestes simples qui peuvent faire une grande différence. Les assemblées de copropriété sont également un moment privilégié pour discuter des règles de vie commune et pour anticiper les problèmes. L'installation de panneaux d'affichage dans les immeubles ou la création de groupes de conversations en ligne peuvent aussi faciliter la communication. Dans certaines communes, des initiatives locales comme la « Fête des voisins >> permettent de renforcer les liens entre résidents. Malgré tout, des conflits peuvent parfois éclater.
Au Luxembourg, il existe plusieurs moyens pour gérer ces différends de manière pacifique. La médiation est souvent une solution efficace. Certaines communes disposent de leur propre service de médiation de voisinage et d'autres ont été mises en place et restent gérées par le Service Régional de Médiation Sociale du Mouvement pour l'Égalité des Chances - MEC asbl - renseignements sur le site. Ces dispositifs permettent de trouver des solutions amiables en rencontrant, dans une première étape, le demandeur. Si celui-ci le souhaite, et si le dialogue reste possible, des pistes de réflexion lui sont alors suggérées pour engager la discussion sous couvert de respect et de bienveillance. En cas d'impossibilité à communiquer, le médiateur peut prendre contact avec le voisin incriminé et l'entendre à son tour individuellement. Les deux partenaires se retrouvent ensuite au sein de la structure pour dialoguer, de façon volontaire. Autre solution (plus coûte use), le recours à un huissier de justice pour faire constater ce qui vous oppose. Il vous aidera à trouver une solution négociée pour éviter le coût d'une procédure, mais en cas d'impossibilité, il pourra lancer une requête judiciaire pour faire cesser les troubles et obtenir des dommages et intérêts. Cela doit être considéré comme une ultime solution, car le processus peut être long et coûteux.
En un mot, être voisin, c'est un peu comme être dans un partenariat non choisi, où chacun doit trouver un équilibre entre vivre sa vie et respecter celle des autres. Après tout, même si on ne les choisit pas, on peut choisir d'entretenir une relation positive avec ses voisins, relation basée sur le respect, la compréhension et, parfois, une simple courtoisie quotidienne. Dans le cas contraire, les mauvaises relations peuvent influencer la qualité de vie, voire la sécurité.
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